Camille Houssais ostéopathe D.O et ancienne étudiante ESO est allée au Cambodge en novembre 2019 pour une mission humanitaire. Elle a réalisé des prises en charge ostéopathiques d’enfants et adolescents issus des orphelinats ou de bidonvilles de Phnom Pen et des campagnes du nord cambodgien.
Quels sont les cas en général auxquels vous avez été confrontée ?
Sur place nous avions la chance d’avoir un traducteur – membre de l’association, qui demandait à chaque enfant les plaintes/douleurs qu’ils avaient avant de monter sur nos tables.
Les motifs de consultations qui revenaient le plus souvent étaient les maux de tête, de ventre et parfois les douleurs articulaires genou/cheville/épaules. La majorité des enfants avait une hygiène de santé quasi inexistante : problèmes dentaires, oculaires, pulmonaires et digestifs avec des cas de dénutrition surtout chez les enfants des bidonvilles. Le tout ayant beaucoup de répercussions sur leur corps.
La Santé est payante au Cambodge, et elle coûte cher. On a tendance à l’oublier surtout quand on est français !
La plupart des enfants vivaient dans une certaine précarité.
La prise en charge ostéopathique ne se limitait à pas à une douleur en particulier. On faisait surtout un travail général pour essayer de leur donner un meilleur équilibre, une mobilité, un axe pour grandir !
Que vous a apporté cette expérience ?
Le Cambodge est un pays très contrasté. La campagne cambodgienne n’a pas son pareil avec ses belles étendues de rizières de ce vert particulier, les temples sont sublimes mais le pays et en particulier la capitale est aussi très marquée par le monde occidental. Le contraste est aussi marquant au niveau social : la précarité côtoie la richesse à une rue près.
C’était vraiment une belle aventure humaine et professionnelle. J’ai eu beaucoup de chance car je suis tombée dans une équipe de 11 ostéopathes bien plus âgés que moi pour la plupart.
Par conséquent, j’ai énormément appris ! Nous avons souvent travaillé à « 4 mains » autant vous dire que c’était très enrichissant Nos conversations quotidiennes étaient baignées de philosophie et de réflexion ostéopathique, c’était passionnant.
J’ai été particulièrement admirative de l’engagement et du travail des responsables de Docosteocam mais également des responsables cambodgiens des orphelinats, des associations, des centres où nous nous sommes rendus… Ce sont des personnes formidables qui savent transmettre le sens du mot «générosité».
Émotionnellement cela n’a pas toujours été évident. Être confrontée à la misère, la souffrance, la tristesse, la colère, la douleur de ces jeunes enfants et adolescents est marquante, rageante, dérangeante. La prise de conscience de l’injustice de ce monde est vraiment violente. Mais il y a aussi un message d’espoir et d’amour derrière tout ça.
Les yeux rieurs, les sourires et rires, les endormissements après les prises en charge, les marques d’affection et les jeux de ses enfants sont une des plus belles choses qui m’ont été donné de voir et m’ont rempli le cœur d’amour et de chaleur. Je crois donc que de toute cette expérience, le mot que je garde en tête est : l’espoir. L’espoir pour ces enfants de s’en sortir, d’être soignés, éduqués, de trouver un foyer, une famille, un travail, de l’amour et de la joie.
L’espoir de continuer d’avoir des centres pour les accueillir et des adultes pour les protéger, les soigner, les accompagner et surtout les aimer. Depuis mon retour, je suis intimement convaincue qu’avec de l’amour, de l’altruisme et de la solidarité nous pouvons rendre ce monde meilleur ; qu’avec de l’engagement, des convictions et de la générosité nous pouvons changer les choses et surtout nous aider les uns les autres.
Le Cambodge m’a rappelé que nos différences sont belles et nous enseignent à quel point il y a du bien en chacun de nous, que nous sommes tous humains et que nous cherchons juste à vivre, chacun à notre façon.
Ne négligeons pas la force d’un sourire ou d’une main tendue. Nous pouvons tous à notre manière faire quelque chose pour aider notre prochain, en France ou ailleurs, et quel que soit le combat choisi cela en vaudra la peine.
J’espère, quant à moi, avoir apporté à ces enfants de quoi mieux respirer, mieux bouger, mieux s’exprimer ou de leur avoir permis de trouver des points d’appuis, des fulcrums pour grandir, d’évoluer et avancer sur leur chemin de vie. J’y y aurai appris que donner de soi c’est donner à l’autre la possibilité d’être lui et dans son entièreté.
Avez-vous d’autres projets similaires ?
J’attends de repartir avec impatience avec cette association. J’espère en novembre 2021 !
J’aime les choses qui se construisent sur le temps, se pérennisent et il est important pour moi de repartir là-bas pour poursuivre les prises en charge des enfants que j’ai rencontrés.